Alors que les questions de protection animale prennent une place croissante dans le débat public, l’orientation politique du pouvoir influence directement les lois en préparation, leur portée et leur application. À l’heure où les attentes sociétales sont fortes — fin de certaines pratiques d’élevage, lutte contre la maltraitance, encadrement des animaux de compagnie, importations, chasse, corrida — la question se pose : que changerait un gouvernement dirigé par La France Insoumise (LFI) ou par le Rassemblement National (RN) ?
Cet article propose une analyse comparative des potentielles orientations législatives des deux partis, illustrées par des exemples concrets, suivie d’une synthèse journalistique.

1. Les orientations générales : deux visions opposées du bien-être animal
LFI : une politique axée sur l’éthique et l’interdiction progressive de pratiques jugées cruelles
LFI a régulièrement défendu :
- l’interdiction de la corrida, de la chasse à courre et de certaines formes de chasse jugées “récréatives” ;
- la fin de l’élevage intensif, avec l’objectif de transition vers un modèle plus extensif et respectueux du comportement animal ;
- l’interdiction des cages pour les poules pondeuses, lapins et porcs, dans l’esprit de l’initiative européenne « End The Cage Age » ;
- la réduction des transports d’animaux vivants et leur remplacement progressif par l’abattage local ;
- un renforcement des sanctions pénales contre la maltraitance, ainsi que des contrôles accrus ;
- des mesures de protection pour les chiens et chats, notamment contre les abandons, le trafic et la vente illégale.
La ligne directrice : placer l’éthique animale au même niveau que l’écologie et la santé publique.
RN : une politique centrée sur l’élevage français, la ruralité et les traditions
Le RN, de son côté, met en avant la défense :
- des filières d’élevage françaises, en soutenant les pratiques actuelles tant qu’elles respectent les normes en vigueur ;
- de la chasse, considérée comme une composante de la culture rurale et un outil de régulation ;
- du patrimoine culturel, ce qui a conduit le parti à défendre la corrida lorsqu’elle est présentée comme “traditionnelle” (bien que certains élus aient exprimé des nuances) ;
- d’une réduction des importations d’animaux vivants ou de viandes issues de pays aux normes inférieures ;
- du renforcement des sanctions contre les maltraitances graves, notamment envers les animaux de compagnie, sujet sur lequel le RN soutient la sévérité.
La ligne directrice : protéger la ruralité, les professions agricoles, et limiter les obligations jugées “urbaines et déconnectées du terrain”.
2. Ce que changerait un pouvoir LFI sur les lois animales
2.1. Vers une accélération des interdictions
LFI pourrait soutenir :
- l’interdiction de la corrida, votée à plusieurs reprises mais jamais adoptée.
- la suppression de la chasse à courre.
- des restrictions sévères sur :
- la chasse du dimanche,
- la chasse en période de reproduction,
- certaines pratiques comme le déterrage.
2.2. Transformation profonde de l’élevage
- Fin progressive des cages (comme poussé par l’UE).
- Normes de logement plus strictes pour les bovins, porcs, volailles.
- Réduction des densités dans les élevages.
- Aides financières conditionnées au bien-être animal.
2.3. Renforcement massif des contrôles
- Augmentation du nombre d’inspecteurs.
- Fermeture administrative accélérée en cas de non-conformité grave.
2.4. Chiens et chats : politique très interventionniste
LFI soutient déjà des mesures telles que :
- stérilisation obligatoire des chats errants par les communes.
- pénalisation plus forte des abandons. Projet également soutenu par le RN.
- encadrement strict des ventes en ligne.
Conséquence pour les particuliers : davantage d’obligations, mais une meilleure protection.
3. Ce que changerait un pouvoir RN sur les lois animales
3.1. Soutien maintenu aux pratiques traditionnelles
- Maintien de la chasse sous toutes ses formes réglementées.
- Volonté de défendre la filière taureau/corrida au nom du patrimoine, tout en évoquant parfois des améliorations des conditions.
- Maintien de l’élevage intensif, considéré comme essentiel à la souveraineté alimentaire.
3.2. Protection animale centrée sur les animaux de compagnie
Le RN défend :
- l’augmentation des peines contre les tortures et sévices graves sur les chiens et chats.
- le renforcement des sanctions contre les trafics.
- un soutien financier pour les refuges.
- pénalisation plus forte des abandons.
3.3. Politique commerciale stricte
- Restriction des importations d’animaux vivants pour “protéger l’élevage français”.
- Éventuelles barrières douanières sur les produits issus de normes plus faibles.
Cela peut indirectement améliorer le bien-être animal… mais en France seulement.
3.4. Priorité à la ruralité
- Allègement de certaines normes jugées trop contraignantes pour les éleveurs.
- Opposition à l’augmentation des contrôles.
Conséquence pour les particuliers : peu de changement dans la vie quotidienne des propriétaires, mais une défense forte de la chasse et des traditions animales.
4. Trois exemples concrets : comment les lois changeraient selon le pouvoir
Exemple 1 : la corrida
- LFI : interdiction nationale rapide, argument culturel insuffisant.
- RN : maintien ou défense sous condition, car jugée tradition locale.
Exemple 2 : les cages en élevage
- LFI : programme d’interdiction à échéance définie (5–10 ans).
- RN : maintien mais amélioration graduelle des normes, sans interdiction.
Exemple 3 : les chiens et les chats
- LFI : obligations nouvelles (stérilisation, encadrement strict des ventes).
- RN : priorité sur la lutte contre la maltraitance ; peu de nouvelles contraintes pour les propriétaires.
5. Synthèse
La question du bien-être animal constitue un révélateur puissant des clivages politiques français. LFI défend une approche éthique, interventionniste, tournée vers l’interdiction de pratiques considérées comme cruelles et vers la transformation profonde de l’élevage. À l’inverse, le RN privilégie la défense de la ruralité, le maintien des traditions et la protection des filières agricoles, tout en renforçant la lutte contre la maltraitance des animaux de compagnie.
Les conséquences concrètes seraient donc radicalement différentes selon le parti au pouvoir :
- avec LFI, la France s’orienterait vers une législation proche des pays d’ Europe du Nord, avec des normes élevées, des interdictions symboliques fortes et un contrôle accru.
- avec le RN, les changements se concentreraient principalement sur les animaux domestiques et sur la protection économique des filières traditionnelles, maintenant la chasse et l’élevage intensif comme éléments centraux du paysage rural français.
Dans tous les cas, le sujet restera au cœur des débats, porté par une opinion publique de plus en plus attentive à la condition animale et par les évolutions européennes qui continueront d’imposer un mouvement global vers des normes plus protectrices.
